Les PPP dans les pays D’Afrique du Nord-(Partie II) | Dahas Sidati, de la direction générale des PPP en Mauritanie : «Éviter les projets à caractère social…»
«Par rapport à la zone de l’Afrique du Nord, on était parmi les premiers pays qui se sont lancés dans les PPP et, aujourd’hui, on a des projets qui sont très avancés», déclare Dahas Sidati, de la direction générale des PPP en Mauritanie.
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Comment jugez-vous l’état des PPP en Mauritanie ?
En matière de PPP, la Mauritanie a franchi un grand pas en avant. On a notre cadre juridique qui est mis en place depuis un bon moment et qui traite tous les aspects du PPP. On a même identifié nos projets «PPP ables » dans les différents secteurs et sur tout le territoire.
Par rapport à la zone de l’Afrique du Nord, on était parmi les premiers pays qui se sont lancés dans les PPP et aujourd’hui, on a des projets qui sont très avancés —déjà en phase de passation de marché—, notamment celui des hydrocarbures de Nouadhibou et de Nouakchott, celui de l’autoroute «Nouakchott-Boutilimit», le traitement des eaux usées de «Nouadhibou » et le bâtiment administratif de Nouakchott.
Il y a d’autres projets qui ont été identifiés, mais qui sont en phase d’étude, comme le port en eau profonde de Nouadhibou et le complexe intégré de production de sucre de « Foum Gleita », qui va traiter trois volets, à savoir agricole, commercial et industriel.
Mais, d’une manière générale, pour un PPP, rien n’est fixe, car on ne peut pas décréter le projet ou faire du copier-coller. Donc, on doit adopter chaque projet selon le contexte dans lequel il se trouve. Pour ce faire, on essaie tout le temps d’être flexible, mais aussi rigoureux pour attirer le profil nécessaire et surtout préserver les intérêts du pays pour faire un partenariat gagnant-gagnant avec la partie privée.
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Malgré un écosystème favorable, les difficultés ne manquent pas… Pouvez-vous nous expliquer davantage ?
Bien évidemment ! Il y avait, il y a et il y aura toujours des difficultés. Le premier problème qu’on a constaté, c’était la compréhension des PPP au niveau des acteurs politique et économique du pays. Face à cela, il fallait un dialogue et une sensibilisation pour faire comprendre au secteur privé, qui est le pilier de l’avancement des PPP, qu’est-ce qu’un partenariat public-privé, car il ne s’agit pas, en fait, de remplacer l’État.
Par ailleurs, l’implication de la société civile est, et restera, très importante pour ouvrir le dialogue sur les PPP et leur rôle.
On a aussi constaté un problème au niveau des différents départements ministériels qui étaient habitués à un mode de passation classique, celui de la maîtrise de l’ouvrage public. Maintenant, avec un nouveau mode de passation, qui est le PPP, il faut oser et accepter le changement.
Par ailleurs, en matière de compétence, il y a eu cet écart qu’il fallait, tout le temps, combler et qui nous a beaucoup retardés parce qu’il faut toujours expliquer avec une procédure complexe et surtout une précipitation qui n’est pas souhaitable.
Face à ces difficultés qui représentent un défi de taille pour nous, on a rencontré un certain nombre de problèmes dans les phases avancées de projets, où on s’est retrouvé dans un travail au-dessous des attentes et, parfois, on s’est trouvé dans l’obligation de reprendre le travail nous-mêmes et de nous mettre la pression pour faire avancer les choses dans le bon sens.
On avait auparavant élaboré l’évaluation préalable et la soutenabilité budgétaire d’un projet qui sont des exigences de la loi des PPP de la Mauritanie. Nous donnons même les cours nécessaires aux consultants… Mais on doit être fier de ce qu’on a fait, car tous ces efforts ont apporté leurs fruits et nous sommes aujourd’hui sur le bon chemin.
Actuellement, la direction des PPP est capable de faire l’évaluation préalable et la soutenabilité budgétaire de n’importe quel projet en mode PPP. Donc, le savoir-faire et l’expertise ne manquent pas et on les a acquis grâce à ces différentes expériences.
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Au début du chemin, à quoi la priorité devrait être accordée? Est-ce aux petits projets ou aux grands ?
Au début, il faut commencer par les petits projets et surtout éviter les projets à caractère social parce que ce n’est pas du tout rentable. Ce genre de projets donne l’impression que l’État est en train de se retirer et de se désengager de sa responsabilité envers le citoyen. Il ne faut pas donner l’impression à la population que c’est le cas, à l’heure où on peut la convaincre après l’aboutissement du projet.
Donc, la première impression reste un élément important et indispensable pour la réussite et la concrétisation du projet, car on a besoin de l’implication de toutes les parties prenantes pour un avancement à pas solides. De ce fait, il ne faut pas donner l’impression que l’Etat se désengage de ses responsabilités alors que ce sont des services fournis toujours par l’Etat.
Donc, le changement de la perception et de la vision de la population doit se faire d’une manière intelligente. Pour ce faire, il faut toujours commencer par des projets à caractère économique, ce qui est plus rentable. Il faut aussi commencer par des projets moyens pour maîtriser les risques… Avec plus d’expérience, de rigueur et de facilité, on peut passer la vitesse supérieure et ouvrir le chantier de grands PPP. Ce sont toujours les premiers projets qui sont les plus difficiles. D’ailleurs, nous avons toujours pensé que les PPP sont une culture, une connaissance et un apprentissage qui ne se termine jamais.
Dans la région Mena, l’Égypte reste un très bon exemple à suivre. C’est un modèle de 17 ans avec des PPP aboutis. Alors que pour le Maghreb arabe, on est toujours dans une période d’interphase. Même si la Mauritanie est, aujourd’hui, sur la bonne voie, car on respecte nos objectifs et notre business plan, beaucoup reste à faire dans ce domaine