L'ex-président mauritanien tombé en disgrâce Mohamed Ould Abdel Aziz a intégré vendredi un petit parti d'opposition, le Ribat national, et appelé ses partisans à le rejoindre pour "continuer l'oeuvre entamée" pendant ses 11 années au pouvoir.
L'annonce de ce ralliement, synonyme de retour sur la scène politique de M. Aziz, a été faite dans la soirée lors d'une conférence de presse par le président de cette formation non représentée au parlement, le militant des droits de l'homme Saad Ould Louleid.
M. Aziz, qui fait l'objet de poursuites pour corruption, n'était pas présent.
"Cette intégration de l'ancien président, symbole de la lutte pour l'émancipation du pays et promoteur de la démocratie et de la liberté en Mauritanie, nous l'avons décidée en signe de reconnaissance à l'oeuvre grandiose de cette homme hors pair", a déclaré à cette occasion le chef du Ribat national.
Il a été ovationné par des dizaines de partisans de M. Aziz lorsqu'il a annoncé que plusieurs autres partis et associations se ralliaient également à sa formation.
M. Aziz avait appelé jeudi dans un communiqué ses soutiens à "venir nombreux" grossir les rangs de sa nouvelle formation pour "continuer l'oeuvre entamée ensemble et dont les réalisations très visibles témoignent de notre volonté d'aller de l'avant pour la construction du pays".
Il dénonçait également la "faillite du pouvoir et de ses acolytes", s'en prenant aussi bien à la majorité qu'aux partis d'opposition.
Au pouvoir de 2008 à l'élection mi-2019 de son ancien chef de cabinet et ministre Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, M. Aziz n'était plus membre d'un parti politique depuis qu'il a été évincé de l'Union pour la République (UPR), qu'il avait fondé en 2009 et qui détient toujours une forte majorité au parlement.
En mars, un juge d'instruction de Nouakchott l'a inculpé de corruption et placé sous contrôle judiciaire, ainsi qu'un de ses gendres, deux anciens Premiers ministres et plusieurs ex-ministres et hommes d'affaires. L'ex-président crie au "règlement de comptes" tandis que son successeur a constamment invoqué l'indépendance de la justice.
Par la voix de son avocat, M. Aziz a menacé il y a quelques semaines de "briser le silence" sur les affaires de l'Etat, promettant un grand déballage qui "changerait beaucoup de choses".