Tout est corrélé. Par exemple, ces derniers jours, la rue parlait de tout. En même temps. De la santé et de sa stratégie qui ne semble pas faire l’unanimité ; chacun y allant selon qu’il est du Brakna, du Gorgol, des deux Hodhs, du Tiris ou de toute autre région de la Mauritanie. Du comité interministériel, de ses mesures ou de ses vaccins qu’il n’a pas encore fini de collectionner, sur promesse de l’OMS, charité pas bien ordonnée de l’Algérie et autre éventuelle d’un second pays-ami que le Président ne veut pas encore nommer, vaccins que notre comité interministériel réfléchit déjà à comment les répartir et suivant quelles modalités. De la réunion des gens de l’opposition dont beaucoup ne semble avoir retenu que le méchoui (encore lui), les fruits et les dattes. Comme si nos illustres opposants étaient des anges qui ne mangeaient pas, surtout après un si long silence ! Alors que pour bien réfléchir, il faut au moins avoir quelque chose dans le ventre qui n’a généralement, affamé, ni oreille ni encore moins capacité de raisonner. Du dialogue social ou politique. Des prestataires de service de l’éducation. De Tivirit et de ses poubelles particulièrement nocives et provocatrices. De Cheikh Ridha et de ses créanciers. Et puis, soudain, de cette histoire de prix qui ont décidé, sans rien dire à personne, de grimper jusqu’à très haut. Re-comité interministériel pour un dialogue commercial, histoire de rendre les prix et les commerçants à la raison. Avec ceci que nous oublions toujours, nous les Nous Z’autres. La ministre du commerce nous l’a rappelé : nous sommes toujours mieux que les autres. Le pot de Gloria, la miche de pain, le kilogramme de sucre, le litre d’huile, le sac de blé, tous ces produits coûtent plus chers chez tous nos voisins du Sud, du Nord, de l’Est et de l’Ouest. Selon même quelques informations jugées très crédibles, ces produits sont beaucoup moins chers chez nous qu’aux pôles et en Floride. Alors prudence, ceux qui avaient en tête de changer de nationalité ou de partir ailleurs en quête de commerçants plus cléments ! Vous savez cette histoire de « regardez nos voisins » est une vieille rengaine dont pratiquement tous nos pouvoirs successifs nous ont rabâché les oreilles. Tu parles d’insécurité, on te répond : « Regarde dans la sous-région... » Tu dis : « deux meurtres en vingt-quatre heures ! » On te sort : « Mais t’a pas vu à New-York ! Trois en quarante-huit heures ! » ou « Une dizaine en un mois, en Chine ! ». Le salaire des fonctionnaires ? - EEEEEEEEH, toi, tu ne sais pas qu’ici, chez nous, c’est ‘’ plus mieux’’ et non ‘’ plus pire ’’ que tous les pays d’Afrique ! » L’islam, la prière ? – Mais, toi, la Mauritanie est belle. C’est une république islamique, l’une des plus rares au Monde ! » Chaleur, froid, vent, sable, pierres ou n’importe quoi encore ? Le Président, le ministre, le conseiller, sinon le moindre citoyen ordinaire, te diront : « Ah, mais toi, notre chaleur, notre froid, notre poisson, y en a pas deux comme ça ! Regarde la chaleur, le froid ou les arbres des pays de la sous-région... Même nos ânes et nos voleurs ne sont pas comme ceux de nos voisins. Nos ânes ne braient pas pour n’importe quoi et nos voleurs ne volent pas n’importe quoi. Nous sommes nous, tout simplement. Impossible de nous comprendre comme ça, sans contexte ! Nos problèmes. Nos oppositions. Nos majorités. Nos prix. Nos affaires. Nos gouvernants et nos gouvernés. Notre islam. Notre école. Notre santé. Nos ministres. Notre Président. Pour nous comprendre, il faut nous contextualiser. Nous ne sommes pas tombés du ciel, nous. Nous ne venons pas de la planète Mars. Nous sommes à côté de quelque chose, Bon Allah. Alors dire que les prix sont chers, ça ne va pas ici, ça ne va pas là-bas, gnagnagna ou gnagnagni, regardez nos voisins. Salut.
Sneiba El Kory