La feuille de route du Dialogue national ouvre une opportunité politique cruciale. Sera-t-elle saisie ou perdue, comme tant d'autres avant elle ?
Par-delà les discours de façade et les routines politiques trop souvent stériles, la feuille de route présentée par le coordinateur du Dialogue national, Moussa Fall, offre un schéma structuré, ambitieux, et potentiellement décisif pour l’avenir démocratique de la Mauritanie.
En apparence technique, ce document est en réalité profondément politique : il témoigne d’un moment de vérité pour une nation qui peine à dépasser les lignes de fracture historiques, sociales et institutionnelles qui minent sa cohésion.
Le dialogue annoncé ne saurait être un simple exercice de communication. Il est le fruit d’une nécessité politique désormais indiscutable : celle d’un consensus national qui dépasse les rivalités partisanes, les clivages identitaires et les rancunes héritées.
La feuille de route obéit à une logique inclusive, invitant partis, société civile, diaspora et personnalités indépendantes. Les sujets ne manquent pas de gravité : esclavage, passif humanitaire, réforme foncière, gouvernance, justice, éducation.
Mais derrière cette inclusion de principe, une question demeure : quelle sera la sincérité du processus ? Trop souvent dans le passé, des dialogues similaires n’ont accouché que de rapports enterrés et de promesses oubliées.
Le Président de la République est au cœur du dispositif. Il devra aller plus loin qu’un rôle de parrain : il doit être le garant politique et l’artisan volontaire des changements proposés. Sans une volonté politique ferme, ce processus sera vain.
Ce dialogue est une occasion de bâtir un nouveau pacte républicain, basé sur la reconnaissance de toutes les composantes de la nation, l’égalité des chances, et des institutions crédibles. Cela exige du courage. Le courage de briser les inerties et d’écouter réellement.
La Mauritanie est à la croisée des chemins. Ce dialogue pourrait être une renaissance démocratique… ou un énième rendez-vous manqué.
Les citoyens, eux, observeront. Et jugeront.
Ahmed Ould Bettar
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