Expropriations des terres de la vallée, Le sit-in de Koylal dans le Dirol

mer, 24/02/2021 - 10:35

Une foule impressionnante, composée des divers villages du département de Mbagne, a convergé, ce matin, lundi 22 Février 2021 de 10h à 14h, vers la plaine de Koylal, avec des banderoles fort expressives.

Sur ces dernières, outre les noms des nombreux villages appartenant à l'espace Yirlaabe-Hebbiyaabe, on lisait nettement une revendication centrale: restituer les terres à leurs propriétaires légitimes et arrêt des travaux perçus comme une volonté d'expropriation des paysans du terroir.

A la manifestation pacifique, l'autorité départementale a répondu par l'envoi de la force. Policiers et gendarmes ont lancé des grenades lacrymogènes sur une foule compacte mais assez disciplinée qui n'a pas oublié le mot d'ordre: ne pas céder à la provocation, d'où qu'elle vienne.

L'argument de la brutalité et l'arrestation de personnes (guides et journalistes) n'a pas réussi à ébranler les manifestants déterminés à récupérer leurs terres et conscients des sacrifices pouvant s'échelonner de la torture  à la perte de vies humaines.

Le Hebbiya et le Yirlaabe, comme naguère Dar elbarka, portent désormais la lutte de toute une communauté brimée, déconsidérée et privée même de sa citoyenneté. Ces terres pour lesquelles ils se battent ne sont que le dernier axe d'une politique chauvine déroulant son cynique calendrier de denegrification du pays. Comme toujours, les concepteurs de cette piteuse gestion entendent opposer les haratines à leurs frères négro-africains en faisant miroiter aux yeux des premiers une possibilité d'accéder à des terres qui ne leur appartiennent pas. Cette fois, leur plan ne fonctionnera pas: les leçons ont été tirées des événements de 1989 et plus personne ne pourra instrumentaliser certains groupes contre d'autres.

La Banque Mondiale est confrontée à ses responsabilités, elle qui finance le projet. Elle doit comprendre qu'elle a été embarquée dans une folle aventure mettant en avant une généreuse volonté de réhabiliter des casiers rizicoles mais qui cache une volonté mesquine d'exproprier des terres dont les propriétaires restent les premiers habitants de cette Mauritanie où tous les rôles, toutes les attributions, tous les avantages liés à la préséance ont été inversés. Gageons que cette prestigieuse institution saura s'extirper du trébuchet dans lequel des irresponsables, chapeautés à l'époque par Ould Taya au sommet de sa puissance aujourd'hui évanouie, l'ont précipitée.