La problématique des migrants en Mauritanie : entre répression locale et risques pour les Mauritaniens à l’étranger

jeu, 06/03/2025 - 18:34

La Mauritanie, pays situé à la croisée des chemins entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe, est devenue ces dernières années un point de passage clé pour les migrants cherchant à traverser la Méditerranée vers l’Espagne.

Cette situation a pris une ampleur considérable, attirant l’attention des autorités locales et internationales. Cependant, les mesures répressives mises en place pour endiguer ce phénomène soulèvent des questions cruciales, notamment sur les risques qu’elles pourraient faire peser sur les Mauritaniens installés dans d’autres pays africains.  

Une crise migratoire amplifiée

Ces dernières années, la Mauritanie a vu affluer un nombre croissant de migrants, principalement en provenance d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Ces migrants, souvent poussés par la pauvreté, les conflits ou le changement climatique, voient dans la traversée vers l’Espagne une chance de trouver une vie meilleure. 
La ville de Nouadhibou, en particulier, est devenue un hub stratégique pour les passeurs et les candidats à l’émigration clandestine.  

Face à cette pression migratoire, les autorités mauritaniennes ont intensifié leurs efforts pour contrôler les flux. Des opérations de répression ont été menées, visant à démanteler les réseaux de passeurs et à empêcher les départs illégaux. Ces mesures, bien que justifiées par des impératifs de sécurité et de souveraineté, ont été critiquées pour leur sévérité et leurs conséquences humanitaires.  

Les risques de la répression

Si la répression des flux migratoires illégaux semble être une réponse immédiate à la crise, elle n’est pas sans risques. En effet, les mesures sévères prises par les autorités mauritaniennes pourraient se retourner contre les Mauritaniens installés dans d’autres pays africains.  

De nombreux Mauritaniens vivent et travaillent dans des pays comme le Mali, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Congo etc ... 
Ces communautés, souvent bien intégrées, pourraient être victimes de graves représailles ou de stigmatisation si les pays d’accueil décidaient de durcir leur politique migratoire en réponse aux actions menées en Mauritanie. 
Plusieurs vidéos circulent actuellement sur les réseaux sociaux montrant plusieurs migrants entassés et s’exprimant sur leur situation ce qui peut très rapidement amplifier la crise et mettre en péril la vie de nos compatriotes à l’étranger.

Les tensions diplomatiques et les mesures de rétorsion ne sont pas à exclure, surtout dans un contexte où la question migratoire est devenue un enjeu politique sensible dans de nombreux pays africains.  

Un équilibre difficile à trouver

La Mauritanie se trouve face à un dilemme complexe. D’un côté, elle doit faire face à des pressions internationales, notamment de l’Union européenne, pour contrôler les flux migratoires. De l’autre, elle doit préserver les intérêts de ses ressortissants à l’étranger et éviter d’alimenter des tensions régionales.  

Pour résoudre cette problématique, une approche équilibrée est nécessaire. Les autorités mauritaniennes pourraient envisager des mesures plus ciblées, alliant répression des réseaux de passeurs et soutien aux initiatives de développement local pour offrir des alternatives économiques aux populations vulnérables. Parallèlement, un dialogue renforcé avec les pays africains voisins et les organisations régionales pourrait aider à apaiser les tensions et à promouvoir une gestion concertée de la migration.  

Conclusion :

La crise migratoire en Mauritanie est un défi multidimensionnel qui nécessite des réponses nuancées et coordonnées. Si la répression des flux illégaux est une nécessité, elle ne doit pas se faire au détriment des Mauritaniens vivant à l’étranger ni des relations régionales.

Une approche globale, intégrant sécurité, développement et coopération internationale, est essentielle pour trouver des solutions durables à cette problématique complexe.

Amina Habib