Les trois formes de justice en Mauritanie : la justice divine, celle des hommes et la justice de la conscience

sam, 13/04/2024 - 10:02

Les trois formes de justice en Mauritanie : la justice divine, celle des hommes et la justice de la conscience

La justice divine : Elle est symbolisée en Mauritanie par l’Islam à savoir le Coran (paroles d’Allah) et les Hadith authentifiés (paroles du prophète Mohammed).
Dans l’Islam, la seule supériorité reconnue est celle de la piété : « Akramoukom indaAllah etghakoum », le plus apprécié parmi vous est le plus pieux en l’occurrence le plus croyant à Allah.
Aussi, le Coran interdit la haine : « La Ikrahi vi dinni : ». Il n’y pas de haine dans la religion, sous entendue l’Islam. Si l’Islam est le facteur déterminant dans cette République islamique qu’est la Mauritanie, alors le racisme basé sur l’origine ou l’ascendance n’ont pas de place dans cette société.
A la suite d’un commentaire du magistrat Haroun Ideighbi, Directeur de la législation au ministère de la justice, une réaction raciste de Yehdih Ould Dahi a provoqué la déclaration de Samba Thiam, Président des Forces Progressistes du Changement (FPC) :

« Si les propos réactionnaires et menaces de ces petits chauvins et racistes ne nous surprennent pas, la posture et le silence coupable et complice des autorités étatiques, eux, nous inquiètent. Ces sorties en audio et sur les plateformes digitales sont d’une extrême gravité ; elles incitent à la violence, portent atteinte à la dignité humaine d’un pan entier de notre peuple et violent effrontément nos lois et les enseignements de notre religion. Par conséquent, ces dérives hystériques ne devraient laisser indifférentes toutes les personnes éprises de justice et de paix dans une république normale. »

L’Etat Mauritanien est une théocratie islamique. Dans cette société musulmane, du moins dans l’affichage et la posture, il y a la haine susmentionnée, formellement interdite par l’Islam. Or, dit Albert Memmi : « Le racisme et la haine de l’autre ». C’est aussi dans cette société esclavagiste que la féodalité maure détenait et détient toujours les esclaves (Abid) et les Haratine (affranchis) dans l’asservissement. Les nombreux cas d’esclavage, découverts tout au long des années, nous dispensent de donner des preuves. L’esclavage est pire que le racisme :

« L’esclavage n’est pas né du racisme. Le racisme a plutôt été la conséquence de l’esclavage. La main d’œuvre forcée dans le Nouveau Monde était brune, blonde, noire ou jaune ; catholique, protestante ou païenne. […] Le premier exemple de commerce d’esclaves et de main-d’œuvre esclavagiste dans le Nouveau Monde ne concerne pas le Nègre mais l’Indien ». in Eric Williams. 1944. Capitalisme et Esclavage. Présence africaine.

Cette thèse de l’historien et homme d’État trinidadien Eric Williams du rapport entre esclavage et racisme se vérifie aux Etats-Unis d’Amérique où les Noirs, une fois libérés de l’esclavage, ont subi la ségrégation raciale. Il en va de même pour la Mauritanie où les Haratine après affranchissement, demeurent toujours victimes du racisme.

Toutefois, il est important de noter qu’on peut subir du racisme sans avoir été réduit à l’esclavage. Cette distinction est clairement illustrée en Mauritanie, où les esclaves sont privés de tout droit, pouvant être vendus, hérités, offerts en dot, etc., sans rien posséder en propre. En revanche, les Négro-mauritaniens ont des droits, mais ils font l’objet de discrimination raciale.

Il est fréquent que les entités telles que les sociétés, les groupes ou les États enfreignent les droits religieux. Un exemple notable est celui de la Mauritanie, une République islamique qui, malgré son étendard religieux, viole de nombreux principes de l’Islam. En effet, la religion est souvent utilisée comme une façade pour dissimuler l’injustice, en particulier la perpétuation de pratiques telles que l’esclavage et le racisme. Malgré plusieurs abolitions depuis 1981, la Mauritanie n’a toujours pas réussi à y mettre un terme. L’État continue de soutenir la féodalité qui refuse d’abandonner et l’esclavage, et ses vestiges. Dans certains aspects, la société et l’État mauritaniens ressemblent à la Jahililya, la période préislamique que le prophète Mohamed a combattue (Paix et Bénédictions Soient Sur Lui). Le prophète s’est opposé à une hiérarchie sociale appelée Etabariya, basée sur une supériorité artificielle entre les êtres humains, une hiérarchie qui persiste dans toutes les ethnies mauritaniennes et que l’État ne combat pas, mais qu’il renforce au contraire.

Allah, face à une forme extrême d’exagération dans la transgression de la religion, met en œuvre sa justice terrestre dans le double but d’arrêter le mal et de sanctionner ses auteurs. Cette justice-là n’attend pas le jugement dernier à savoir yewmou el akhirety : les deux exemples de Ould Taya et Ould Abdel Aziz sont éloquents en la matière. Voilà ce que disait Ould Taya en 2005 à Akjoujt :

« Des personnes que nous connaissons hier, et qui nous versent de l’eau sur nos mains, sortent pour trois jours [faisant allusion à l’initiation à la prêche] et reviennent avec des barbichettes pour donner des fatwas », in Maham Ould Youssouf « De Taya à Aziz, deux hommes, même vision, même destin !. »

Au sujet de Maaouiya Ould Taya, voilà ce que j’écrivais dans l’article 48ème anniversaire du premier noyau de libération des Haratine :

« Il a accumulé cinq facettes négatives durant son régime.
Il n’a pas appliqué les ordonnances et les circulaires de ces prédécesseurs à savoir Moctar Ould Daddah (MOD) et Mohamed Khouna Ould Haidallah (MKOH).
Sous son régime, aucun texte abolissant l’esclavage n’a été pris.
Il a toujours nié l’existence de l’esclavage et du racisme.
Il avait fait de l’esclavage, du racisme et de l’Islam des sujets tabous. Le simple fait d’en parler peut amener en prison.
Ould Taya souhaitait que les Haratine soient maintenus dans l’ignorance séculaire, fabriqués et entretenus, par les esclavagistes maures. Acquérir le savoir religieux (musulman) ne lui convenait pas. Pire, il hait l’expansion du savoir dont pourraient bénéficier les Haratine ».

Pour ce qui est de Mohamed Ould Abdel Aziz (MOAA), notons les propos qu’il tenait en 2016 à Néma, rapportés par Maham Ould Youssouf :

« Nous ne pouvons pas comprendre cette fertilité donnant une progéniture infinie, qui fait que dans chaque coin de rue, tu trouves un, deux ou trois enfants, ceci est inadmissible ».

Relativement à MOAA, je renvoie à nouveau à mon article sur le premier noyau de libération des Haratine :

« Sous son régime (2008-2019), MOAA a pris deux lois importantes : celles de 2015-031 et de 2018-023 […]. Elles interdisent l’esclavage et le racisme. Sous son règne, la Constitution a été révisée à deux reprises (2012 et 2017). Celle de 2012 interdit, dans son article 13, l’esclavage et la torture. Cependant, MOAA s’est distingué par quatre attitudes négatives :

Il n’a pas appliqué ses propres lois.

Il a toujours nié l’esclavage. Mais paradoxalement, il a produit des textes abolissant celui-ci.

Il a affiché un profond mépris pour les Haratine et affirme qu’ils font beaucoup d’enfants.

Sous son pouvoir, les militants anti-esclavagistes ont été emprisonnés et torturés. Un Mécanisme National de Prévention de la torture a été créé en avril 2016. Le 14 novembre 2016, une plainte visant de hauts responsables a été déposée au tribunal de grande instance de Paris. Ils sont accusés de « tortures et traitements cruels » à l’encontre des militants anti-esclavagistes. »

La sanction divine est survenue avec une relative rapidité. Pour Ould Taya, elle intervient trois mois après son discours d’Akjoujt et pour Aziz, trois ans après, ce dernier étant condamné à 5 ans de prison. Qui dit mieux ? Le hadith du prophète Mohamed dans ce domaine est sans ambiguïté : « Evitez l’invocation de la personne qui subit l’injustice, car point de rideau entre elle et Allah ».

La Mauritanie et sa justice des personnes

La Mauritanie est le deuxième pays dans le monde à prendre le qualificatif de « République Islamique », après le Pakistan (1956) et avant l’Iran (1979).

Avant l’indépendance en 1960, Mokhtar OULD DADDAH (MOD), choisi par la France pour diriger la Mauritanie et auquel s’imposer une inspiration quasi-forcée de la constitution de la Vème République Française, a décidé de faire de la Mauritanie Un Etat confectionnel musulman. Sa décision de faire de la Mauritanie un État fondé sur les principes de l’Islam était motivée par plusieurs raisons. Tout d’abord, il cherchait à se rapprocher des valeurs de l’islam, qui est la religion de la majorité des Mauritaniens. De plus, cette décision visait à accorder un poids politique aux Zwayas (marabouts), qui étaient dominés par les Beni Hassan (guerriers) depuis la fin de la guerre de Char Bebe en 1674. Les Marabouts craignant un retour au pouvoir des guerriers après le départ des Français.

La constitution mauritanienne du 20 mai 1961 octroie un rôle prépondérant à l’Islam. En effet, aucun texte réglementaire – domaine de l’exécutif – ou juridique – celui du parlement – ne peut être en contradiction avec l’Islam : « la Charia est source de droit ».

MOD n’a jamais mis en œuvre la Charia (les lois islamiques). Le seul chef d’État à l’avoir fait était Mohamed  Khouna OULD AIDALLAH (MKOH), qui en abolissant l’esclavage en 1981, voulait donner un gage aux religieux du respect de l’islam. Cependant, dans l’application de la Charia, MKOH n’a ciblé que les pauvres victimes de l’esclavage, qu’il a libérées avec hésitation. La justice mauritanienne coupait les mains et les pieds des pauvres Haratine pour des infractions comme le vol, tout en évitant de punir ceux qui détournent les biens publics. Or, l’Islam interdit le détournement des fonds publics. Comme l’a dit Ely Ahmed Mustapha dans son livre Les Voleurs d’âmes : Finances publiques criminelles paru en 2023 chez French Edition :

« Lorsqu’un individu ouvre le feu sur une foule faisant des dizaines de victimes, ou qu’un individu détourne le budget d’une structure publique, ou dilapide ses ressources, entrainant des milliers de victimes sur le court, le moyen et le long terme, le premier est un dément, le second est un gestionnaire public. Et tous les deux sont des criminels ».

La justice mauritanienne est raciale, féodale et anachronique.

Raciale parce qu’à l’égard des maures, cette justice tergiverse, tâtonne, annule le verdict précédent ou applique la loi à moitié. C’est le cas de la famille Chehlawi. La loi 031-2015 prévoit la peine ci-après alors que le verdict rendu l’a amoindrie. En effet, Cheikhna Chehlawi a été condamné à 5 ans de prison dont deux ans fermes et 3 ans avec sursis ainsi que 100.000 MRU (1 million ancienne ouguiya) d’amende, tandis que sa fille, Salma, a écopé de 5 ans fermes.
Pourtant, la Loi dans son chapitre II stipule en l’article 7 : « Quiconque réduit autrui en esclavage ou incite à aliéner sa liberté ou sa dignité ou celle d’une personne à sa charge ou sous sa tutelle, pour être réduite en esclave, est puni d’une peine de réclusion de dix (10) à vingt (20) ans et d’une amende de deux cent cinquante mille (250.000) ouguiyas à cinq millions (5.000.000) d’ouguiyas ».

La question posée est de savoir pourquoi la Cour décide de prononcer une peine réduite par rapport à ce qui est prévu par la loi. La souffrance des victimes de cet esclavage et le verdict rendu ont incité les observateurs à la réflexion suivante :

« [Ils] trouvent ainsi que le verdict prononcé le 13 décembre 2023 par le tribunal spécial de Nouakchott-Sud est trop complaisant, vue que la victime a vécu toute sa vie, plus d’une trentaine d’années, dans la servitude, exploitée physiquement et sexuellement par son maître Cheikhna Chehlawi. Sa fille, Salka, aurait également subi des maltraitances à caractère esclavagiste avec sa maîtresse Salma ».

La justice mauritanienne est féodale. En effet, les féodalités maures et négro-mauritanienne s’unissent face aux castes inférieures des deux côtés. À plusieurs reprises et sous différents régimes, la féodalité soninké s’est opposée aux nominations de ministres appartenant à la caste inférieure des Komo (esclaves) de cette ethnie. Les pouvoirs en place ont toujours soutenu la position de la féodalité soninké. Ainsi, les deux féodalités partagent les mêmes valeurs et leur solidarité entrave le partage du pouvoir avec les castes inférieures.
Une justice anachronique car la Mauritanie est :

-le dernier pays du monde musulman à abolir l’esclavage ;

-le dernier pays du monde arabe à l’abolir l’esclavage ;

-le dernier pays de l’Afrique du Nord à abolir l’esclavage ;

-le dernier pays du Maghreb à abolir l’esclavage. La Tunisiea l’a aboli en 1846, soit deux ans avant la France. Voilà une fulgurance humaine rare dans le monde musulman et arabe. Aujourd’hui, 178 ans après, la Mauritanie y est réticente ;

-le dernier de l’Afrique de l’Ouest à abolir l’esclavage ;

-le dernier pays francophone à abolir l’esclavage ;

-la dernière théocratie musulmane à abolir l’esclavage.

La Mauritanie a aboli l’esclavage pour la première fois par l’ordonnance 81-234 du 9 novembre 1981. Les lois ultérieures en 2007, 2015 et 2018 ont renforcé cette interdiction. Malgré cette législation et l’établissement de trois tribunaux spéciaux chargés de juger les esclavagistes, l’esclavage persiste. La république islamique se trouve à la croisée des chemins : doit-elle continuer en tant que société esclavagiste ou aspirer à devenir une société où chaque individu est libre ?

L’Arabie saoudite a aboli l’esclavage depuis 1962. Les musulmans mauritaniens prient cinq fois par jour en direction de ce pays et certains d’entre eux y effectuent des pèlerinages. Certains pèlerins mauritaniens financent même leur voyage et leurs frais de séjour grâce au travail des esclaves. Pourtant, malgré son statut de théocratie musulmane, ce pays ne semble pas servir d’exemple à suivre pour l’État mauritanien et la féodalité maure.

Un exemple illustrant les hésitations de la Mauritanie est l’affaire récente de R’kiz, où un litige a éclaté entre les maîtres d’esclaves de la tribu Tajekant et leurs Haratine. Cette dispute portait sur la répartition inégale des terres cultivables, les maîtres recevant une part disproportionnée par rapport aux Haratine et aux esclaves. Lorsque les Haratine et les esclaves ont protesté, les forces de l’ordre, agissant sur ordre du préfet de R’kiz, représentant de l’État mauritanien, ont réprimé violemment la révolte. Les blessures graves infligées aux manifestants, ainsi que l’interdiction des particuliers de transporter les blessés à l’hôpital de R’kiz, témoignent de l’intention de les laisser agoniser et mourir, comme le rapporte un article de Human Rights :

« Au cours de la première semaine de février 2024, la localité de R’kiz, dans la région de Trarza, a été le théâtre de violents affrontements entre les forces de l’ordre et les paysans descendants d’esclaves.
Ces troubles ont éclaté à la suite d’une redistribution contestée des terres cultivables, perçue comme injuste par les paysans, qui accusent les autorités de favoriser la féodalité locale au détriment de leurs droits légitimes. De plus, des enregistrements audios attribués à un chef de tribu local ont révélé des menaces de mort publiques à l’encontre du député Biram Dah Abeid, un acte inacceptable constituant une atteinte grave à la liberté d’expression et à la sécurité des défenseurs des droits de l’homme ».

L’État mauritanien et sa féodalité maure pourraient être considérés comme des maîtres dans l’art du camouflage et de l’enfumage. Ils pourraient enseigner aux États, aux sociétés, aux groupes, comment abolir l’esclavage sans réellement le faire :

Ils produisent une multitude de textes juridiques. Alors que le décret d’avril 1848 a suffi à la France pour abolir l’esclavage en métropole, ainsi que dans ses départements et territoires d’outre-mer, la multiplication des textes adoptés par la Mauritanie n’a pas réussi à mettre fin aux fléaux sociaux que sont l’esclavage et le racisme.

De plus, ces textes ne sont pas appliqués. La République islamique de Mauritanie a développé une expertise dans la création de lois, la mise en place de tribunaux spécialisés et la création d’institutions des droits de l’homme comme la Commission nationale des Droits de l’Homme (CNDH) et le Commissariat aux droits de l’homme. Des associations qui soutiennent la politique gouvernementale sont également actives à Genève. Cette stratégie de non-application des lois a neutralisé la communauté internationale et divisé le peuple mauritanien en deux groupes. L’un souhaitant l’abolition quand l’autre s’y oppose.

La justice de la conscience

Qu’est-ce que la conscience ? (cf. Dictionnaire Larousse)

« La connaissance intuitive ou réflexive immédiate que chacun a de son existence et de celle du monde extérieur »

« Représentation mentale, claire de l’existence, de la réalité de telle ou telle chose : L’expérience lui a donné une conscience aiguë du danger ».

La conscience sert à garantir que notre jugement moral est approprié, dans le respect d’un principe moral qui ne nécessite aucune preuve : « On ne doit rien oser qui risque d’être injuste ». [1] La conscience morale consiste à être pleinement conscient de ses actes.

Toutes les religions révélées (Judaïsme, Christianisme et Islam) ainsi que les religions profanes (Bouddhisme, Taoïsme, Paganisme…) enseignent le Bien et prohibent le Mal. Par conséquent, les individus qui adhèrent à ces différentes religions ont une conscience morale qui reconnaît et agit conformément au Bien tout en rejetant fondamentalement le Mal.

Les Etats ou sociétés laïques adoptent un droit positif qui ne dépend pas de la religion, mais dont les constitutions visent à faire advenir le Bien.

Toutes les politiques et idéologies ont pour objectif de promouvoir le Bien et de sanctionner le Mal. Même si une politique ou une idéologie peut être détournée pour causer du mal, comme la torture ou le génocide, etc.

Dans son ouvrage Le Moi et le Ça, Sigmund Freud définit le Moi comme suit : « Le Moi désigne la personnalité dans son ensemble » [2]. Le psychanalyste le « voit essentiellement comme le lieu de ce qui est conscient ». [3]

Le Ça « constitue pour Freud le grand réservoir des pulsions et des passions ». [4] Le Surmoi : « […] comme une instance qui se présente par rapport au Moi à la manière d’une autorité de surveillance ». [5]

De nombreux tortionnaires, présidents et responsables de la sécurité sont confrontés à un traumatisme causé par le fait que le cerveau est l’ordinateur le plus puissant jamais créé par l’homme. Il enregistre tous les faits, gestes et actions de chaque individu.

Le conflit entre le Ça et le Surmoi est un élément permanent de la psyché humaine. Le Surmoi surveille le ça et intervient en cas de pratiques du Mal. Les relations entre le Moi, le Ça et le Surmoi structurent la vie de chaque individu. Chaque fois que le ça, lieu de pulsion et de passion, agit en suscitant le Mal, le Surmoi intervient. Ainsi, les sanctions ne sont pas externes à la personne ; elles sont internes, se déroulant dans le cadre des relations entre le Moi, le Ça et le Surmoi.

Prenons l’exemple de Ould Taya, en exil au Qatar. Bien qu’il ne soit pas dans le dénuement matériel, sa conscience le tourmente constamment en raison de son passé. Les événements tragiques de 1989, 1990 et 1992, notamment la chasse aux Noirs ayant entraîné des charniers, des noyades en mer et des déportations, ressurgissent souvent dans sa conscience malgré les tentatives de refoulement freudien.

La conscience est une justice immanente à laquelle les bourreaux, les dictateurs et les tortionnaires ne peuvent échapper. Seule la mort y met fin.

Mohamed Yahya OULD CIRE
Docteur en science politique de l’Université Paris II Panthéon-Assas
Sujet de thèse : « L’abolition de l’esclavage en Mauritanie et les difficultés de son application », publiée par l’Atelier national de Reproduction des Thèses (A.N.R.T)
Président de l’Association des Haratine de Mauritanie en Europe (A.H.M.E.)

[1] Emmanuel Kant. 1952. La religion dans les limites de la simple raison. Vrin. p. 242.
[2] Sigmund Freud. 1991. Le moi et le ça. pp. 255-301
[3] Jean-Michel Quinodoz. 2023. Sigmund Freud. Collection Que sais-je ?, Edition PUF. p.93-94.
[4] Ibidem p.94.
[5] Ibidem p.95.

Source : www.Haratine.com 

guidumakha.com