Ali, le port altier sur son chameau, cheminait sans hâte et sans bruit, silhouette improbable perdue dans la rondeur des ergs mouvants.
Rien ne le pressait, ni le retardait.
De maigres provisions dans sa "tasufra", de l'eau dans sa "guerba" amarrées autour de sa large "rahla", il possédait si peu de choses.
Il possédait surtout le silence.
Un merveilleux silence où la pensée flânait, errait ou peinait à sa guise. Un silence où la pensée cheminait sans crainte d'être rompue, explorait les méandres mémoriels, s'égarait dans la fraîcheur limpide des matins du Sahara.
Sauf que, sauf que…
Ce jour là, une boule de feu suivie d’un bang sonique pétrifia le peu d’âmes qui vivaient dans ce reg lunaire.
Une poussière d’étoile venait s’échouer à une quarantaine de kilomètres au sud de la ville d’Aioun.
Un diogénite, fragment de Vesta le plus brillant des astéroïdes, finissait sa course après des millions d’années d’errance dans ce coin perdu du cosmos.
Bienvenue au météorite d’Aioun El Atrouss.
Eh, oui ! Il y a des matins limpides comme ça.
* Diogénite, 1kg, tombé le 17 avril 1974 aux environs de Gounguel.
*Tasufra : sac de voyage
*Rahla : Selle de dromadaire
*Guerba : outre en peau de chèvre