Le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi 10 juin 2021 une transformation profonde de la présence militaire française au Sahel, et la mise en place d’une alliance internationale antidjihadiste dans la région. Cette transformation aboutira à la fin de l’opération Barkhane.
Le président s’exprimait dans le cadre d’un discours détaillant ses axes pour le G7 qui s’ouvre vendredi.
À l’issue de consultations (..) nous amorcerons une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel, a-t-il dit lors d’une conférence de presse, annonçant la fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure et la mise en œuvre d’une alliance internationale associant les États de la région.
La présence militaire de la France dans la région sera désormais concentrée sur la lutte contre les mouvements djihadistes au sein des missions européennes et de l’Onu.
Le temps est venu d’amorcer une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel, a déclaré le chef de l’État pendant une conférence de presse.
Consultations jusque fin juin
Estimant que le rôle de la France n’avait jamais été de se substituer aux États africains, Emmanuel Macron a indiqué que des discussions auraient lieu dans les prochaines semaines pour fixer le nouveau cadre de l’intervention au Sahel.
La présence durable dans le cadre d’opérations extérieures de la France ne peut pas se substituer au retour de l’État et des services de l’État à la stabilité politique et au choix des États souverains, a souligné le président français.
Alors que des sources avaient déclaré plus tôt dans la journée à Reuters qu’Emmanuel Macron s’apprêtait à annoncer une réduction des effectifs de l’opération Barkhane, qui s’élèvent à l’heure actuelle à 5 100 hommes, celui-ci est allé plus loin en promettant un changement de modèle qui sera mis en place de manière progressive.
La poursuite de notre engagement au Sahel ne se fera pas dans un cadre constant, a dit Emmanuel Macron en annonçant la fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure pour permettre une opération d’appui, de soutien et de coopération aux armées des pays de la région qui le souhaitent.
Des consultations à ce sujet vont être menées d’ici la fin du mois de juin avec les États-Unis et les partenaires européens de la France, ainsi qu’avec les pays du G5 Sahel (Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso et Mauritanie), a-t-il poursuivi.
La nouvelle organisation devrait s’appuyer sur la task force Takuba constituée de forces spéciales européennes qui sont chargées d’accompagner les armées malienne et nigérienne au combat, a précisé Emmanuel Macron.
Les effectifs de Barkhane avaient été portés de 4 500 à 5 100 hommes à la fin février 2020 après un sommet réunissant la France et ses alliés du G5 Sahel à Pau.
Situation au Mali
Emmanuel Macron avait déjà souligné à cette occasion que la présence française au Sahel n’était pas éternelle. Il avait néanmoins repoussé sa décision sur une éventuelle réduction des effectifs de Barkhane lors d’un sommet virtuel qui avait réuni en février dernier la France et ses alliés du G5 Sahel.
Il n’y a pas eu un réengagement des décideurs pour faire revenir l’État dans les zones que nous libérons du terrorisme, a insisté le chef de l’État. » Nous sommes là en soutien des États, pas en substitution », a-t-il martelé.
Emmanuel Macron a assuré que cette évolution n’était pas directement liée au récent coup d’État au Mali mais il a jugé que la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avait commis une erreur et envoyé un mauvais signal en reconnaissant le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, en tant que président par intérim.
La France avait annoncé le 3 juin qu’elle suspendait à titre conservatoire ses opérations militaires conjointes avec les forces maliennes du fait de la situation dans ce pays.