«Pour une Mauritanie laïque» est un mouvement lancé par des jeunes «désireux de fédérer tous les
Mauritaniens» dans l’objectif «de déconstruire l’image d’une société tribale, ethnique et de caste»,
selon Mohamed El Moctar, responsable au sein de la nouvelle organisation, dont la vidéo diffusée sur
«le Blog du Griot» est relayée par le forum «cridem.org».
Ces différents maux «sont source d’inégalités, discrimination et racisme. L’instrumentalisation de la
religion est un moyen ayant permis de construire cette hiérarchisation injuste de la société. Ainsi, il faut
commencer par sortir le culte religieux de la sphère politique, pour permettre l’ouverture d’un dialogue
sensé et libre».
La Mauritanie est une République Islamique et la constitution confère à l’Islam le statut de religion de
l’Etat et du peuple. Un principe immuable en dépit de toutes les modiþcations de la loi fondamentale
opérées depuis 1961.
Dans ce contexte historique, le débat sur la laïcité n’a jamais été une préoccupation de la classe
politique toutes mouvances confondues, et encore moins d’une opinion fortement attachée à la religion,
considérée à travers ses dimensions spirituelle, politique, économique et sociale, indissociables.
Jusque-là, seule Conscience et Résistance (CR), une organisation de la diaspora, considérait la laïcité
comme «indispensable» à l’instauration d’une véritable démocratie en Mauritanie.
Mais les lignes de la pensée semblent désormais bouger.
Ainsi, au moment où la vidéo revendiquant une Mauritanie laïque passe sur «cridem.org», la presse
parisienne reprise par des organes nationaux, diffuse une interview du blogueur Mohamed ould
M’Kheitir, un ancien condamné à mort pour «apostasie», réfugié en France.
Un entretien à travers lequel il déplore la situation d’une société mauritanienne «qui vit la
talibanisation, avec des concepts tels que la ÿagellation, l’amputation, la peine de mort, toujours
inscrites dans le Code Pénal (CP)».
L’ex-condamné à mort enfonce le clou en ajoutant, au pays «pas de mélange entre différentes castes.
Dans la rue, chacun sait si quelqu’un est Beidane (caste des hommes libres: dirigeants, guerriers et
marabouts), Maalimine ou Haratine….». Des propos qui renvoient l’image d’une société fortement
cloisonnée.
la afrique 360